LES LECTEURICES AIMENT LE TEMPS DES HUMBLES
Chers Désirée et Alain Frappier,
Vous avez choisi un beau titre, et le plus juste qui soit, pour votre magnifique saga. Le si regretté Luis Sepúlveda a raison — des mille jours de l'Unité populaire — c'est le temps de ceux qui n'étaient rien et deviennent les acteurs de leur vie. En choisissant de raconter ce temps, par le regard, l'action de Soledad, vous avez rendu puissamment sensible la réalité de ses trois années, les mesures de justice, les luttes, et aussi, peut-être, l'erreur d'Allende de refuser une armée populaire, l'honneur enfin. Je ne vous cacherais pas que j'ai pleuré en vous lisant, pour la première fois depuis le 11 septembre 1973 , à cause de cet immense espoir noyé dans le sang auquel nous avions cru. Vous le saviez, j'étais allée 2 semaines au Chili en mars 1972, Allende avait reçu notre groupe du nouvel observateur et évoqué le lait distribué aux enfants. Ce qui, à l'époque ne m'avait pas frappée outre mesure, m'a submergée par son sens son importance dans Le temps des humbles. Merci pour ce livre. Pour ce qu'il ne faut jamais oublier.
Annie Ernaux
Vous avez choisi un beau titre, et le plus juste qui soit, pour votre magnifique saga. Le si regretté Luis Sepúlveda a raison — des mille jours de l'Unité populaire — c'est le temps de ceux qui n'étaient rien et deviennent les acteurs de leur vie. En choisissant de raconter ce temps, par le regard, l'action de Soledad, vous avez rendu puissamment sensible la réalité de ses trois années, les mesures de justice, les luttes, et aussi, peut-être, l'erreur d'Allende de refuser une armée populaire, l'honneur enfin. Je ne vous cacherais pas que j'ai pleuré en vous lisant, pour la première fois depuis le 11 septembre 1973 , à cause de cet immense espoir noyé dans le sang auquel nous avions cru. Vous le saviez, j'étais allée 2 semaines au Chili en mars 1972, Allende avait reçu notre groupe du nouvel observateur et évoqué le lait distribué aux enfants. Ce qui, à l'époque ne m'avait pas frappée outre mesure, m'a submergée par son sens son importance dans Le temps des humbles. Merci pour ce livre. Pour ce qu'il ne faut jamais oublier.
Annie Ernaux
… Puisque tout est un cycle, après l'hiver et ses pertes... Le temps d'une saison plus douce et enclin à l’espérance. Le cycle faisant, je vous avais rencontré à la Maison de l’Amérique Latine fin septembre de l'année dernière pour la présentation de votre livre. J'étais venue avec l’insouciante prétention de « vouloir lire une Histoire d'Amour », vous en souvenez vous ?... Et vous m'avez dit « d'une certaine manière, ça en sera une ». Nous avions tous tellement de choses à partager dans la salle, tant de questions à vous poser à vous et Alain... Avant de partir, je ne vous ai pas caché ma frustration de voir que l'organisation du temps de parole était décevante et que je gardais l’expectative que lorsque nous sortirions du confinement, nous, vos lecteurs, voudrons vous revoir ! Et voila que le temps d'un cycle nouveau exauce mes vœux… Votre livre arrivait juste après le départ de Luis Sepúlveda, en faire une lecture « confinée » fut éprouvant pour moi... Constater à quel point tout « ça » est très actuel (…) Ce grand livre entre mes mains hypers sensibles m’envoie des « interférences indescriptibles » mais j'ai aimé vous rencontrer tous les deux. Vous êtes des messagers, des passeurs de mémoire intime et collective. FT
Je viens de finir Le temps des humbles.
Je suis sans voix, les larmes aux yeux, la rage au cœur, parce que je me souviens tellement de cette période et du choc ce 11 septembre 1973. En fait, j'avais oublié, mais vous avez ravivé ces souvenirs douloureux... J'étais militante au parti à l'époque et je me rappelle cet immense espoir avec l'arrivée d'Allende, la colère que nous ressentions contre la pénurie organisée et les bourgeoises tapant sur leurs casseroles, puis l'horreur absolue du coup d’État, les tortures infligées, le stade national et les mains brisées de Victor Jara. Votre livre est un bijou. Quel talent ! Les textes tellement justes, et les dessins d'une sobriété, d'une finesse, d'une délicatesse qui réussissent tellement à nous immerger dans cette réalité.
On devrait enseigner l'histoire dans les écoles à partir de vos livres. MM
Je suis sans voix, les larmes aux yeux, la rage au cœur, parce que je me souviens tellement de cette période et du choc ce 11 septembre 1973. En fait, j'avais oublié, mais vous avez ravivé ces souvenirs douloureux... J'étais militante au parti à l'époque et je me rappelle cet immense espoir avec l'arrivée d'Allende, la colère que nous ressentions contre la pénurie organisée et les bourgeoises tapant sur leurs casseroles, puis l'horreur absolue du coup d’État, les tortures infligées, le stade national et les mains brisées de Victor Jara. Votre livre est un bijou. Quel talent ! Les textes tellement justes, et les dessins d'une sobriété, d'une finesse, d'une délicatesse qui réussissent tellement à nous immerger dans cette réalité.
On devrait enseigner l'histoire dans les écoles à partir de vos livres. MM
... C'est vraiment bouleversant de suivre Soledad et Alejandro qui sont de super beaux personnages et dont l'histoire amoureuse est elle aussi très belle, tout en sachant globalement ce qui les attend. Je trouve que vous avez vraiment réussi à transmettre leur enthousiasme durant ces mille jours, ce bonheur de voir un avenir plein d'espoir se dessiner, et même se concrétiser en partie. En fait c'est bête mais pendant un moment j'étais un peu comme eux, j'étais super enthousiaste tout en sachant que ça allait mal finir, un peu comme lorsqu'ils disent qu'ils savaient qu'un coup d’État risquait d'arriver, mais qu'ils n'y croyaient au final pas vraiment, à force de le dire. On oublie aussi ce qui se cache derrière ce terme, en effet comme il est dit dans le livre, on ne pense pas aux tortures, emprisonnements, assassinats… Bien que la fin soit connue, ça fait quand même super mal comparé à la joie qui émane du reste du livre.
Et puis ça donne aussi beaucoup à réfléchir ! Je me demande, comment est-ce qu'on peut se relever d'histoire(s) comme celle(s)-là ? D'un point de vue individuel comme collectif, comment tu fais pour te remettre à vivre "normalement" (= retourner à la vie d'avant, mais en pire !) ? Comment tu te reconstruis politiquement ? Tu crois en quoi après ça ? Je veux dire, quand tu as vécu quelque chose de si important, si proche (relativement) d'un idéal pour lequel tu t'es battu, et que tout s'effondre et que ça deviens complètement impensable d'envisager une autre voie que le fascisme … Bon bref, ce que je dis là c'est des banalités, mais en tout cas il faut faire lire ce livre à un max de personnes car cet épisode historique, et la manière dont vous l'abordez, me parait vraiment riche d'enseignement. Bon déjà ça remet les USA à leur place, et ça fait jamais de mal de rappeler que les méchants c'est pas que les fascistes et les dictateurs rouges, haha ! Mais surtout ce qui est intéressant c'est tout ce qu'il y a autour du réformisme / légalisme extrême d'Allende, celui qui respecte les règles établies par ses ennemies qu'eux même ne respectent pas. Et le rapport que le MIR a avec Allende, c'est super intéressant. Il y a quelques personnes à qui il faudrait que je le fasse lire !
Même si le contexte n'est pas le même, je ne peux pas m'empêcher de transposer cette histoire chez nous, aujourd'hui, et ça me donne beaucoup à réfléchir ! (Rassurez-vous je n'en suis pas non plus à en appeler à la lutte armée pour la prise du pouvoir par les armes, mais juste je pense que cette lecture m'a encore davantage convaincu que la bourgeoisie ne se laissera jamais faire pacifiquement…).
Je ne vous ai même pas félicité pour les dessins et les textes, mais c'est vraiment très beau ! C'est très dense mais à la foie très fluide, on s'immerge vraiment dans le récit sans se perdre. Toutes les références et explications historiques que vous apportez sont vraiment importantes je trouve, ça permet vraiment de saisir le contexte dans son ensemble, ce qui est crucial pour comprendre ce qu'il s'est passé à ce moment. DC-C
Et puis ça donne aussi beaucoup à réfléchir ! Je me demande, comment est-ce qu'on peut se relever d'histoire(s) comme celle(s)-là ? D'un point de vue individuel comme collectif, comment tu fais pour te remettre à vivre "normalement" (= retourner à la vie d'avant, mais en pire !) ? Comment tu te reconstruis politiquement ? Tu crois en quoi après ça ? Je veux dire, quand tu as vécu quelque chose de si important, si proche (relativement) d'un idéal pour lequel tu t'es battu, et que tout s'effondre et que ça deviens complètement impensable d'envisager une autre voie que le fascisme … Bon bref, ce que je dis là c'est des banalités, mais en tout cas il faut faire lire ce livre à un max de personnes car cet épisode historique, et la manière dont vous l'abordez, me parait vraiment riche d'enseignement. Bon déjà ça remet les USA à leur place, et ça fait jamais de mal de rappeler que les méchants c'est pas que les fascistes et les dictateurs rouges, haha ! Mais surtout ce qui est intéressant c'est tout ce qu'il y a autour du réformisme / légalisme extrême d'Allende, celui qui respecte les règles établies par ses ennemies qu'eux même ne respectent pas. Et le rapport que le MIR a avec Allende, c'est super intéressant. Il y a quelques personnes à qui il faudrait que je le fasse lire !
Même si le contexte n'est pas le même, je ne peux pas m'empêcher de transposer cette histoire chez nous, aujourd'hui, et ça me donne beaucoup à réfléchir ! (Rassurez-vous je n'en suis pas non plus à en appeler à la lutte armée pour la prise du pouvoir par les armes, mais juste je pense que cette lecture m'a encore davantage convaincu que la bourgeoisie ne se laissera jamais faire pacifiquement…).
Je ne vous ai même pas félicité pour les dessins et les textes, mais c'est vraiment très beau ! C'est très dense mais à la foie très fluide, on s'immerge vraiment dans le récit sans se perdre. Toutes les références et explications historiques que vous apportez sont vraiment importantes je trouve, ça permet vraiment de saisir le contexte dans son ensemble, ce qui est crucial pour comprendre ce qu'il s'est passé à ce moment. DC-C
Je viens de finir Le temps des humbles les larmes aux yeux. Je tenais à vous remercier chaleureusement.
Parce que votre façon de raconter la grande histoire par l'intermédiaire de l'histoire de gens ordinaires ou presque est poignante.
Parce que le graphisme est parfait, on est au Chili, les visages, les attitudes, tout y est.
Parce que votre documentation et la construction de votre récit est phénoménale, tout est fluide et on passe de l'ONU à la poblacion et tout est clair.
Parce que j'y ai retrouvé tous les récits des exilés chiliens que j'ai côtoyés dans les années 80, tous les souvenirs de mon ex-femme, chilienne d'origine, venue avec ses parents en France suite au coup d'état, les chansons enfantines, les empanadas, les sopaipillas et autre pastel de choclo, le lait à l'école, les concerts de casseroles des momios, tout.
Parce que j'y ai retrouvé avec émotion l'histoire de Quimantu ou travaillait son oncle, les meetings d'Allende auxquels elle a assisté petite sur ses épaules.
Parce que votre roman graphique est magistral, émouvant, juste, glaçant, précis, beau et terrible, tellement humain.
Merci. CM 05/11/2020
Parce que votre façon de raconter la grande histoire par l'intermédiaire de l'histoire de gens ordinaires ou presque est poignante.
Parce que le graphisme est parfait, on est au Chili, les visages, les attitudes, tout y est.
Parce que votre documentation et la construction de votre récit est phénoménale, tout est fluide et on passe de l'ONU à la poblacion et tout est clair.
Parce que j'y ai retrouvé tous les récits des exilés chiliens que j'ai côtoyés dans les années 80, tous les souvenirs de mon ex-femme, chilienne d'origine, venue avec ses parents en France suite au coup d'état, les chansons enfantines, les empanadas, les sopaipillas et autre pastel de choclo, le lait à l'école, les concerts de casseroles des momios, tout.
Parce que j'y ai retrouvé avec émotion l'histoire de Quimantu ou travaillait son oncle, les meetings d'Allende auxquels elle a assisté petite sur ses épaules.
Parce que votre roman graphique est magistral, émouvant, juste, glaçant, précis, beau et terrible, tellement humain.
Merci. CM 05/11/2020
Il est si dense, quel travail, chapeau bas !
Plus exactement, il faut se concentrer pour tout suivre, l'intime et le politique, c'est époustouflant de faits de documentation, d'explications, c'est l'histoire populaire du Chili. Mais il est si vivant ! j'ai beaucoup aimé ton écriture Désirée, précise et donnant toute sa place à la poésie de la vie animée par le feu militant et l' amour. Cette Soledad est merveilleuse. Quant aux dessins d'Alain...on pourrait croire qu'il y était au Chili à l'époque. Qu'il s'agisse des individus, des scènes familiales, des foules, des milliers d'inconnus (des lecteurs), des hommes politiques, des rotos sans dents, tous sont rendus au plus juste. Et les pages noires ou quasi sont saisissantes. Mais au fond vous avez vécu tout cet espoir que portaient les militants, ça se voit et ça s'entend. MV
Plus exactement, il faut se concentrer pour tout suivre, l'intime et le politique, c'est époustouflant de faits de documentation, d'explications, c'est l'histoire populaire du Chili. Mais il est si vivant ! j'ai beaucoup aimé ton écriture Désirée, précise et donnant toute sa place à la poésie de la vie animée par le feu militant et l' amour. Cette Soledad est merveilleuse. Quant aux dessins d'Alain...on pourrait croire qu'il y était au Chili à l'époque. Qu'il s'agisse des individus, des scènes familiales, des foules, des milliers d'inconnus (des lecteurs), des hommes politiques, des rotos sans dents, tous sont rendus au plus juste. Et les pages noires ou quasi sont saisissantes. Mais au fond vous avez vécu tout cet espoir que portaient les militants, ça se voit et ça s'entend. MV
Bouleversé.
Je viens de terminer ce magnifique et somptueux roman graphique de Désirée et Alain Frappier.
Je l'ai lu comme on déguste un bon vin, rare, calmement, en prenant mon temps...
Bouleversé.
Au delà du récit précis, historique (quel travail riche et savoureux !), très émouvant, cette BD a résonné en moi comme autant d'indignations face aux temps actuels.
Cette histoire d'un élan populaire construit patiemment avec le temps, avec l'énergie de tout un peuple, avec le travail sans faille des militants... balayé d'un revers de main capitaliste, et bien ça me rappelle évidemment ce que nous traversons en France ces dernières années. En France, ou au Venezuela, au Brésil et en Bolivie, on retrouve les mêmes étouffements, la même violence d'un système qui étrangle les démocraties au profit de quelques uns... La méthode est toujours la même : provoquer un chaos sociétal en asséchant l'économie, en déduire que seul l'ordre permettra un retour au calme, puis mettre en place un état totalitaire (ou une dictature quand c'est possible).
Je vous invite à vous plonger dans ces pages délicieuses évidemment. Vous pouvez même commencer par le tome précédent Là où se termine la terre. NH
Je viens de terminer ce magnifique et somptueux roman graphique de Désirée et Alain Frappier.
Je l'ai lu comme on déguste un bon vin, rare, calmement, en prenant mon temps...
Bouleversé.
Au delà du récit précis, historique (quel travail riche et savoureux !), très émouvant, cette BD a résonné en moi comme autant d'indignations face aux temps actuels.
Cette histoire d'un élan populaire construit patiemment avec le temps, avec l'énergie de tout un peuple, avec le travail sans faille des militants... balayé d'un revers de main capitaliste, et bien ça me rappelle évidemment ce que nous traversons en France ces dernières années. En France, ou au Venezuela, au Brésil et en Bolivie, on retrouve les mêmes étouffements, la même violence d'un système qui étrangle les démocraties au profit de quelques uns... La méthode est toujours la même : provoquer un chaos sociétal en asséchant l'économie, en déduire que seul l'ordre permettra un retour au calme, puis mettre en place un état totalitaire (ou une dictature quand c'est possible).
Je vous invite à vous plonger dans ces pages délicieuses évidemment. Vous pouvez même commencer par le tome précédent Là où se termine la terre. NH
… votre approche, par le biais de personnages « banals » (mais non moins remarquables), et puis votre analyse, à la fois objective, presque volontairement naïve, m’a beaucoup beaucoup plu. J’ai eu le sentiment que vous parveniez vraiment à revivre l’histoire à travers vos personnages, en apprenant et découvrant les choses comme eux les ont apprises et découvertes ; notamment dans le deuxième tome dont l’héroïne est au début complètement apolitique et finie en étant une grande militante. En plus d’être un magnifique témoignage de ces 1000 jours assurément incroyables, cela illustre la manière dont dans ces périodes révolutionnaires, les « petites gens » sont capables de se révéler, et certaines personnes dont on n’aurait jamais soupçonné que ce fut le cas (et souvent eux-mêmes les derniers) peuvent faire preuve d’une bravoure et d’un discernement face aux événements dont parfois les dirigeants eux-mêmes sont incapables.
Vos deux tomes m’ont fait frissonner, d’enthousiasme, puis de rage quant à l’issue terrible des choses.
J’ai aussi beaucoup aimé ce que vous avez raconté durant votre présentation du Temps des humbles, notamment ce souhait de faire revivre cette période des 1000 jours, et pas uniquement la dictature, que l’on connait bien mieux, et qui finalement est beaucoup moins intéressante et riche d’enseignements. Et puis cette honnêteté intellectuelle qui vous a — je pense — permis d’aboutir à un quelque chose de si réussi. J’entends par honnêteté intellectuelle le fait de ne pas avoir de préjugé sur cette période et les personnages qui l’ont marquée, ou plus exactement d’être capable de remettre en cause ces préjugés comme vous l’avez expliqué. Et puis, une autre chose qui m’a beaucoup plu, et qui est l’une des choses que j’aime le plus dans les romans, est de pouvoir suivre l’évolution des personnages au regard de leur époque, comme c’est le cas de Soledad, qui en l’espace de 3 ans vit une transformation comme peu de gens en connaissent en toute une vie.
Bref, je voulais vous féliciter de nouveau, et vous engager à poursuivre, en dépit des difficultés. Votre travail est magnifique, et précieux. MC
Vos deux tomes m’ont fait frissonner, d’enthousiasme, puis de rage quant à l’issue terrible des choses.
J’ai aussi beaucoup aimé ce que vous avez raconté durant votre présentation du Temps des humbles, notamment ce souhait de faire revivre cette période des 1000 jours, et pas uniquement la dictature, que l’on connait bien mieux, et qui finalement est beaucoup moins intéressante et riche d’enseignements. Et puis cette honnêteté intellectuelle qui vous a — je pense — permis d’aboutir à un quelque chose de si réussi. J’entends par honnêteté intellectuelle le fait de ne pas avoir de préjugé sur cette période et les personnages qui l’ont marquée, ou plus exactement d’être capable de remettre en cause ces préjugés comme vous l’avez expliqué. Et puis, une autre chose qui m’a beaucoup plu, et qui est l’une des choses que j’aime le plus dans les romans, est de pouvoir suivre l’évolution des personnages au regard de leur époque, comme c’est le cas de Soledad, qui en l’espace de 3 ans vit une transformation comme peu de gens en connaissent en toute une vie.
Bref, je voulais vous féliciter de nouveau, et vous engager à poursuivre, en dépit des difficultés. Votre travail est magnifique, et précieux. MC
Je viens de lire « Le temps des humbles » et je souhaitais simplement vous manifester mon admiration.
A travers vos dessins et vos textes, par petites touches subtiles et précises (les « modismos », les enchevêtrements de fils électriques, les « micros », les références culinaires, la silhouette de la Cordillère, l’architecture, la musique…) vous avez réussi à transporter le lecteur au Chili, dans un authentique « décor » chilien.
Mais vous avez fait plus encore, car vous parvenez à nous immerger dans la société civile chilienne, dans ses espoirs, ses divisions, ses contradictions, ses errances, vous nous guidez de façon très pédagogique dans la politique du pays, dans son histoire et ses cicatrices profondes, ce passé qui a voulu être effacé mais reste si vivace qu’il est une conséquence directe du mouvement qui agite le pays depuis fin 2019.
Vous avez retranscrit, cette partie de l’histoire qui n’est pas assez souvent racontée ; le coup d’État et la dictature - par leur violence, leur cruauté – ont tendance à monopoliser l’attention et les années qui ont précédé cette période sombre sont parfois survolées rapidement, voire caricaturées : Allende et la gauche sont arrivés au pouvoir, le modèle socioéconomique défendu par ce nouveau gouvernement et les réformes menées ont abouti à une crise, marquée notamment par des grèves et des pénuries dans les magasins, cette situation a été organisée en partie par l’opposition, soutenue par la presse et la CIA, mais était aussi de la responsabilité de l’UP et l’armée a donc fini par organiser un coup d’Etat pour mettre fin à cette situation chaotique. Voilà comment les événements sont souvent présentés, succinctement, de façon « neutre », mais en réalité sous un prisme partial et partiel, très DC (« ni chicha, ni limoná »). Avec force documentation, vous montrez à quel point les choses ne sont pas aussi linéaires et combien a été permanent le travail de sape mené, effectivement par la droite et les grands industriels mais aussi la DC et même certaines forces de gauche.
Et puis en plus de cette « grande histoire », le récit des personnages est touchant de sincérité. Tout en pressentant depuis le début le destin tragique d’Alejandro – Ricardo, je n’ai pu m’empêcher de pleurer dans les dernières pages et d’éprouver une piqûre de rappel de révolte, de profonde colère contre cette classe politique du passé — souvent encore au pouvoir — et contre tous ceux qui la soutienne et la font vivre, qui crient au scandale lorsque les opprimés manifestent mais se taisent lorsque la violence de l’État ou celle de miliciens s’abat sur ces mêmes manifestants, qui ne réclament que justice sociale et dignité.
Un grand à merci à vous et félicitations pour ce bel ouvrage. Je suis d’ailleurs encore plus ébahi par votre travail en sachant que, comme vous le dîtes, vous ne parliez pas la langue lorsque vous avez entrepris cette saga chilienne. Il me tarde à présent de lire « Là où se termine la terre ».
Saludos cordiales, P-AM
A travers vos dessins et vos textes, par petites touches subtiles et précises (les « modismos », les enchevêtrements de fils électriques, les « micros », les références culinaires, la silhouette de la Cordillère, l’architecture, la musique…) vous avez réussi à transporter le lecteur au Chili, dans un authentique « décor » chilien.
Mais vous avez fait plus encore, car vous parvenez à nous immerger dans la société civile chilienne, dans ses espoirs, ses divisions, ses contradictions, ses errances, vous nous guidez de façon très pédagogique dans la politique du pays, dans son histoire et ses cicatrices profondes, ce passé qui a voulu être effacé mais reste si vivace qu’il est une conséquence directe du mouvement qui agite le pays depuis fin 2019.
Vous avez retranscrit, cette partie de l’histoire qui n’est pas assez souvent racontée ; le coup d’État et la dictature - par leur violence, leur cruauté – ont tendance à monopoliser l’attention et les années qui ont précédé cette période sombre sont parfois survolées rapidement, voire caricaturées : Allende et la gauche sont arrivés au pouvoir, le modèle socioéconomique défendu par ce nouveau gouvernement et les réformes menées ont abouti à une crise, marquée notamment par des grèves et des pénuries dans les magasins, cette situation a été organisée en partie par l’opposition, soutenue par la presse et la CIA, mais était aussi de la responsabilité de l’UP et l’armée a donc fini par organiser un coup d’Etat pour mettre fin à cette situation chaotique. Voilà comment les événements sont souvent présentés, succinctement, de façon « neutre », mais en réalité sous un prisme partial et partiel, très DC (« ni chicha, ni limoná »). Avec force documentation, vous montrez à quel point les choses ne sont pas aussi linéaires et combien a été permanent le travail de sape mené, effectivement par la droite et les grands industriels mais aussi la DC et même certaines forces de gauche.
Et puis en plus de cette « grande histoire », le récit des personnages est touchant de sincérité. Tout en pressentant depuis le début le destin tragique d’Alejandro – Ricardo, je n’ai pu m’empêcher de pleurer dans les dernières pages et d’éprouver une piqûre de rappel de révolte, de profonde colère contre cette classe politique du passé — souvent encore au pouvoir — et contre tous ceux qui la soutienne et la font vivre, qui crient au scandale lorsque les opprimés manifestent mais se taisent lorsque la violence de l’État ou celle de miliciens s’abat sur ces mêmes manifestants, qui ne réclament que justice sociale et dignité.
Un grand à merci à vous et félicitations pour ce bel ouvrage. Je suis d’ailleurs encore plus ébahi par votre travail en sachant que, comme vous le dîtes, vous ne parliez pas la langue lorsque vous avez entrepris cette saga chilienne. Il me tarde à présent de lire « Là où se termine la terre ».
Saludos cordiales, P-AM